Une équipe pancanadienne de chercheurs vient d’obtenir une subvention de 1,5 M$ des Instituts de recherche en santé du Canada pour élaborer une stratégie visant à positionner l’avancement des connaissances sur le cerveau parmi les priorités nationales en recherche. Ce financement soutiendra aussi la création du Réseau sur la stratégie canadienne de recherche sur le cerveau dont la mission sera de coordonner la participation canadienne à l’International Brain Initiative, qui regroupe les plus importants projets de recherche au monde portant sur le cerveau.
Les troubles neurologiques et mentaux sont la principale cause d’invalidité et la deuxième cause de décès dans le monde. Au pays, les coûts occasionnés par ces troubles ont considérablement augmenté au cours des 25 dernières années en raison du vieillissement de la population. Les efforts coordonnés des chercheurs sur le cerveau de partout au Canada par le biais du Réseau sur la stratégie canadienne de recherche sur le cerveau offrira une occasion sans précédent de réduire ce fardeau et d’améliorer la qualité de vie des Canadiens.
La direction de la Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau sera assurée par Yves De Koninck, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et directeur du Centre de recherche CERVO du CIUSSS de la Capitale-Nationale, et par Judy Illes, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique et directrice de Neuroethics Canada. Les leaders de 31 équipes provenant des principaux instituts et centres de recherche en neurosciences du Canada complètent le noyau qui élaborera cette stratégie. La coalition Organismes caritatifs neurologiques du Canada (OCNC) y contribuera également en faisant entendre la voix des Canadiens affectés par les maladies du cerveau.
Plusieurs constats ont convaincu les chercheurs de l’urgence de développer une vision coordonnée de la recherche sur le cerveau, souligne Yves De Koninck. Le premier est la lenteur des progrès réalisés dans la lutte contre les maladies du cerveau. « On ne parvient toujours pas à guérir ou à traiter efficacement des maladies comme l’autisme, l’alzheimer, les dépendances ou la dépression. Nous croyons que la mobilisation des chercheurs en neurosciences viendra changer les choses dans ce domaine comme elle l’a fait pour les maladies cardiovasculaires. Les efforts dans ce domaine ont permis d’abaisser le taux de mortalité de 75 % par rapport à ce qu’il était il y a 60 ans. »
Un second constat touche les coûts humains et économiques engendrés par les maladies du cerveau. « Au cours de sa vie, un Canadien sur trois aura une maladie du cerveau ou subira une blessure au cerveau. Ces problèmes ont souvent des effets dévastateurs sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent et sur leurs proches », ajoute Deanna Groetzinger, directrice de l’OCNC. « Une étude réalisée en 2016 a démontré que les maladies neurologiques et les problèmes de santé mentale engendraient des coûts annuels de l’ordre de 61 milliards de dollars à l’économie canadienne. Il suffit de constater les effets de la pandémie de COVID-19 sur le stress et l’anxiété, entre autres chez les travailleurs de la santé, pour prendre la mesure de l’importance de la santé mentale dans notre société. »
La Stratégie canadienne de recherche sur le cerveau orchestrera la participation du Canada à l’International Brain Initiative. À l’instar du projet Génome Humain, qui avait mobilisé la communauté scientifique autour du séquençage du génome humain entre 1988 et 2003, l’International Brain Initiative veut regrouper des milliers de scientifiques autour d’un objectif commun : comprendre le fonctionnement du cerveau et améliorer les traitements offerts aux personnes qui souffrent de maladies touchant le cerveau. « Les conséquences éthiques, juridiques, sociétales et interculturelles de ces découvertes et la façon dont elles s’intègreront dans la pratique seront des aspects clés de la Stratégie », ajoute Judy Illes. « Les considérations neuroéthiques seront à la base même de sa formulation et sa mise en application. »
« La participation canadienne s’articulera autour de la plasticité du cerveau qui est sous-jacente à notre capacité d’apprendre, de nous souvenir et de nous adapter, souligne le professeur De Koninck. Par ricochet, nous devrions être en mesure de mieux comprendre comment ces processus peuvent se dérégler et conduire à certains troubles et pathologies du cerveau. Nous voulons aussi nous distinguer par notre approche collaborative et concertée de faire de la recherche. Nous espérons que la façon canadienne de faire les choses servira d’exemple aux autres pays. »